Éditorial : Vulnérabilités et résiliences

Par Abdelhakim Benbouabdellah*

Le marché national des assurances continue de subir les contrecoups d’une double crise économique et sanitaire, à l’image de la sphère économique et sociale dont il est le soubassement. Au premier semestre 2020, il a enregistré une régression (-12,5%) de son chiffre d’affaire, par rapport à la même période de l’année écoulée, due essentiellement aux répercussions de la crise sanitaire (pandémie de la Covid-19) qui a eu un impact certain (perte de 10,1 milliards de DA de son chiffre d’affaires). Les Assurances de dommages (AD), qui constituent 85,6% du total du marché des assurances, ont toutes été fortement impactées par la Covid-19.

Les Assurances de personnes (AP) ne sont pas en reste, étant donné qu’elles ont connu, elles aussi, d’importantes régressions à l’exception de la «prévoyance collective » qui augmente de9,6%. La baisse la plus significative est enregistrée au niveau de la branche«assistance», avec un taux de régressionde l’ordre de -56,3%. L’arrêt de délivrance des visas suite à la fermeture des frontières a plombé l’assurance voyage.

La thématique développée dans cenuméro permet de prendre conscience de la forte sinistralité qui a frappé le secteur du tourisme en général avec les activités corollaires que sont les transports et l’hébergement. Victimes, à la fois directes et collatérales, des contre- performances de l’économie en raison de la pandémie de la Covid-19 qui continue de sévir dans le monde, les assureurs s’adaptent en apportant leurs solutions au contexte exceptionnel, récent, présent et parti pour durer encore, en tenant compte des contraintes et des vulnérabilités.

Force est de reconnaître, néanmoins, que cette catastrophe sanitaire a des conséquences qui dépassent le cadre de ce qui estassurable par la seule assurance. Nos sociétés d’assurance accomplissent leur devoir d’accompagner, de réparer et d’indemniser, dans le cadre des contrats qui les lient à leurs clients. Au-delà, c’est toute une réflexion qui est déjà lancée, afin de réadapter le principe même de l’assurance au regard de la cascade de conséquences qu’a induit et que continued’induire la pandémie et dont la perte d’exploitation n’est pas des moindres.

Cette réflexion porte, notamment sur l’examen de la possibilité de mettre en place un dispositif apte à couvrir descrises exceptionnelles de type pandémique. Type de couverture, contrats d’assurances auxquels elle serait adossée, assurés concernés, mécanismes de réassurance et d’intervention de l’État, sont autant d’angles pour cette réflexion, en gardant à l’esprit des expériences tels que les enseignements à tirer du système mis en place, dans notre pays, pour lesassurances contre les effets des séismes et des inondations, dites Cat-Nat. Au niveau planétaire, on s’attend à ce

que les réflexions, menées un peu partout, prennent à bras-le-corps cette problématique de l’assurance contre les risques sanitaires, à grande échelle, pour assimiler les vulnérabilités et nourrir les résiliences. Mais d’ores et déjà, des consignes sont données aux acteurs de l’assurance afin de revoir leurs copies et d’adapter leurs clauses contractuelles afin d’en préciser l’architecture générale des contrats et informer, de façon suffisamment claire, lesassurés sur l’étendue exacte de leurs garanties.

*Secrétaire du CNA

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