ASSURANCE DES BIENS CULTURELS
Éditorial : Art d’assurer, culture d’assurance…
Bien que les enjeux multisectoriels, dont ceux culturels, s’entrelacent de plus en plus avec les réalités économiques d’un pays, l’assurance des biens culturels, en Algérie, demeure l’un des chantiers discrets d’un secteur, pourtant, en pleine restructuration. Il est évident que les progrès, dans ce domaine, sont encore timides, marqués par une certaine hésitation, en raison de divers obstacles réglementaires, économiques et culturels qui freinent l’émergence d’une véritable prise de conscience.
Malgré la richesse de son patrimoine culturel et son dynamisme artistique et potentiel événementiel, l’Algérie affiche un retard notable en matière de législation spécifique à la protection de ce patrimoine. Le cadre législatif actuel aborde, certes, cette question sans, néanmoins, tenir compte de la singularité des œuvres d’art, lesquelles échappent par nature aux normes classiques de l’assurance. Comment, dans ce cas, protéger un bien dont la valeur dépasse le simple aspect financier, pour inclure des dimensions culturelles ? Tant que le marché national des assurances n’intègre pas la complexité des domaines de l’art et de la culture et que les textes ne prendront pas en compte leurs spécificités intrinsèques, la mise en place de solutions d’assurance adaptées restera au stade de défi permanent. Au relatif vide juridique vient s’arrimer la jeunesse d’un marché de l’art, toujours en quête de développement. Bien que des signes encourageants, comme la multiplication des couvertures d’événements culturels, soient présents, une véritable restructuration du secteur, à ce propos, tarde à émerger. D’un autre côté, artistes, collectionneurs et galeristes, bien qu’ils reconnaissent la valeur de leurs œuvres, n’ont pas encore pleinement intégré l’importance d’une protection assurantielle adéquate. Ce manque de culture de l’assurance, dans ce même domaine, entraîne des risques considérables, comme c’est le cas illustratif des œuvres qui circulent et sont exposées, sans bénéficier d’une protection appropriée.
Cependant, les sociétés d’assurances, conscientes du potentiel croissant de ce marché, travaillent à développer des solutions adaptées aux spécificités du secteur artistique. Si les produits, actuellement timides, évoluent et s’élargissent encore, cette situation ouvre une véritable opportunité d’innovation et de réforme, en faveur du développement…
La mue attendue nécessite une approche tripartite, alliant aspects législatifs, économiques et éducatifs. Une collaboration étroite entre experts en art, assureurs et juristes s’avère indispensable, afin de créer des solutions sur mesure, en adéquation avec les réalités du marché algérien, sous toutes ses facettes.
Entre manque de maturité, à la fois législatif et du marché lui-même, le défi est de taille, mais loin d’être insurmontable. Il constitue, au contraire, une occasion et opportunité de repenser la
manière dont ces biens sont perçus, protégés et valorisés, dans notre pays. La nouvelle loi projetée sur les assurances pourrait bien marquer le début de cette transformation souhaitée et, surtout, impérative.
Alors que l’assurance des biens culturels peine à sortir de son carcan, il devient clair qu’une intervention plus éclairée des parties prenantes contribuera à accélérer une évolution
significative, en adéquation avec les besoins spécifiques du secteur. Ce défi offre une occasion précieuse de transformer les faiblesses actuelles en véritables opportunités de développement. La nouvelle loi sur les assurances pourrait agir, ainsi, en catalyseur pour une réforme profonde, ouvrant la voie à une véritable mutation bénéfique pour notre marché national, sous toutes ses formes et l’ensemble des domaines.
Par Abdelhakim Benbouabdellah
Secrétaire du CNA
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