Maturation

Bien qu’ils ne soient pas au niveau escompté, les progrès enregistrés dans le domaine du Takaful en Algérie se manifestent de manière tangible, puisqu’ils se traduisent à la fois par une reconnaissance officielle, par la mise en place d’un cadre réglementaire et par une adaptation progressive des statuts ainsi que des produits offerts par le marché national balbutiant. Accompagnés d’une qualité de service, ces signes témoignent d’un mouvement structurant capables de contribuer à la transformation du secteur des assurances, dans sa globalité.

Cependant, malgré ces avancées, plusieurs défis demeurent à relever et continuent de se poser avec une acuité particulière. L’un des plus sensibles concerne la question des placements financiers. Les opérateurs disposent, aujourd’hui, de peu d’instruments d’investissement pleinement compatibles avec les principes du Takaful, situation qui conduit à envisager régulièrement l’introduction de Sukuk souverains ainsi qu’un marché financier national plus profond comme solutions potentielles, tout en restant confronté à la question centrale de savoir comment développer ces outils de manière à garantir à la fois leur accessibilité et leur attractivité, tout en respectant les exigences propres au modèle.

Le cadre réglementaire constitue un autre terrain de réflexion, puisqu’il s’agit de décider si la progression doit se faire par étapes, avec un ajustement des règles en fonction de l’évolution du marché, ou si, au contraire, il est préférable de stabiliser rapidement un dispositif plus complet, afin de fournir aux acteurs une visibilité claire, une décision dont le rythme d’adaptation sera sans doute déterminant pour la consolidation du secteur.

Des échanges enregistrés, lors de la 3ème Conférence arabe des actuaires sur la fonction actuarielle, tenue à l’entame du second semestre 2025, ont mis en évidence des enjeux partagés par plusieurs pays de la sous-région. Le changement climatique, à titre illustratif, marqué par la multiplication des catastrophes naturelles, remet ainsi en cause la pertinence des modèles assurantiels traditionnels et interroge la capacité des approches tarifaires classiques à couvrir les risques émergents. Ces évolutions rappellent, en outre, la nécessité d’intégrer davantage de prévention et de résilience dans les pratiques professionnelles.

L’Intelligence artificielle (IA) ouvre des perspectives prometteuses tout en appelant également de nouveaux défis à relever. La création d’un Observatoire de l’IA dédié au secteur est, ainsi, proposée, afin d’en suivre les usages et les impacts. Il reste, toutefois, à préciser les axes d’intervention prioritaires, les règles d’encadrement à établir et les limites à poser.

Sans nul doute, l’inclusion s’impose comme un chantier majeur. La microassurance, conçue pour protéger les populations vulnérables, met en évidence des défis concrets : concevoir des produits véritablement adaptés, établir une réglementation claire et identifier des canaux de distribution efficaces, notamment grâce au digital.

Non seulement sous de multiples contraintes — réglementaires, financières et liées aux risques émergents —, mais aussi et surtout grâce à une volonté des pouvoirs publics et des acteurs du marché d’opérer les réformes nécessaires, le paysage assurantiel en Algérie se transforme en continu. Il se mue et se construit, au fil des initiatives et des réponses innovantes, en laissant progressivement apparaître les prémices d’un système en voie de maturation.

Par Abdelhakim Benbouabdellah

Please wait while flipbook is loading. For more related info, FAQs and issues please refer to DearFlip WordPress Flipbook Plugin Help documentation.

Secrétaire du CNA

REVUE DE PRESSE