Éditorial : Le nouveau challenge des Assurances

Par Abdelhakim Benbouabdellah*

Le marché des assurances en Algérie est, certes, sévèrement touché par la double crise socio-économique et sanitaire que traverse le pays, depuis près de deux ans. Cependant, en dépit de tous les contrecoups subis face à une double crise sévère, les assureurs font preuve, bon an mal an, d’une relative résilience, non sans de louables efforts en matière de réorganisation du travail, notamment avec l’introduction du télétravail mais, aussi, la massification de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. Le résultat est, contrairement à ce que cela puisse paraître, la baisse du chiffre d’affaires du marché n’aura été que de 3,3%, à fin 2020, si l’on tient compte des acceptations internationales en matière de réassurance. Après avoir subi une récession due à la crise pétrolière de mi-2014, de laquelle le secteur des assurances s’en est plutôt bien tiré, car continuant à enregistrer des hausses de son chiffre d’affaires, la crise sanitaire induite par la pandémie de la Covid-19 a poussé les acteurs du marché des assurances à se réinventer pour ne pas faire les frais de la contraction sévère de l’activité économique et sociale. Des actions sont entreprises, en solo ou conjointement, mais elles sont, pour certaines d’entre elles, encore en phase de réflexion. Il ne s’agit point, pour les professionnels, de rechercher des solutions de replâtrage, mais de réfléchir à des solutions stratégiques et durables.

Bien que toutes les activités économiques restent imbriquées et intimement liées, les capacités de résilience du marché algérien des assurances font figure presque d’exception. Le constat demeure, néanmoins, sans appel : il y a une vingtaine d’acteurs majeurs du marché et à peine une dizaine de millions de contrats d’assurances, particuliers, industriels et commerciaux confondus. La marge de progression est de taille et les niches, à même de donner un nouveau souffle à l’assurance, sont bien là, en attente d’exploitation efficiente.

À l’image de l’assurance contre les effets des Catastrophes Naturelles (Cat-Nat), qui, en dépit de son caractère obligatoire, ne génère que très peu de flux financiers. Au contraire, il y a eu baisse du nombre de contrats d’assurance Cat-Nat, enregistrée récemment, même si les bénéfices générés sont en hausse, en raison d’une légère réévaluation, à la hausse, des prix. La faiblesse relève des acteurs du marché, sûrement, au regard de leur approche communicative et de sensibilisation fragiles, à ce sujet. L’assurance Cat-Nat n’est pas au bout de ses peines. À peine 10%, moyennement au cours de la dernière décennie, de souscription à cette assurance laquelle, pourtant, est entourée de promesses de développement grandissimes.

Cependant, il n’en est encore rien, sur le terrain où même l’obligation qui l’entoure n’est guère en mesure de l’amener à des taux plus respectables. Si la culture d’assurance est, de prime abord, au centre des raisons qui expliqueraient le manque d’engouement des Algériennes et des Algériens à s’entourer des précautions nécessaires quant aux incidences des risques liés aux catastrophes naturelles, il demeure que l’inoffensive des acteurs du marché sur ce segment important des assurances est, pour le moins, énigmatique. Le commerce obéissant à la loi du nombre, les acteurs du marché savent pertinemment que si le nombre de contrats d’assurances augmente dans cette niche, l’argument massue des ménages concernant les tarifs élevés n’aura plus de sens quand les assureurs, vulgarisation et prévention aidant, auront de la marge pour réduire les prix.

En outre, les assureurs ont l’embarras du choix, en matière de lutte contre la double crise et pour la continuité de l’investissement. Il s’agit, là, de nouveaux risques tels que les OGM, les risques liées aux nouvelles technologies, à introduire dans la gamme de produits d’assurances. Mais, il s’agit, surtout, de faire une réflexion plus globale qui doit amener à des solutions à moyen et long termes, et non plus se focaliser seulement sur des solutions à même de booster le chiffre d’affaires. Aujourd’hui, le marché des assurances finance l’économie nationale autour de 3% seulement.

Le marché national des assurances doit tirer les leçons des expériences passées pour proposer des solutions plus innovantes et, sans nul doute, se positionner comme l’une des sources principales de financement de l’économie nationale.

*Secrétaire du CNA

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